Agave (du grec ancienἀγαυή / agauê, « admirable ») est un genre de plantes de la famille des Asparagaceae. Les noms « pita », « maguey » ou « cabuya » leur sont aussi attribués.
Les plantes du genre des agaves sont des plantes succulentes qui forment une rosette de feuilles épaisses, se terminant par une pointe acérée et présentant des bords épineux. Comme les Yucca, autre genre de la famille des Asparagaceae, les espèces du genre Agave sont appréciées comme plantes ornementales.
Les agaves ont une croissance lente et il faut attendre plusieurs années avant qu'ils ne fleurissent. C'est un genre dit monocarpique : les différentes espèces ne fleurissent qu'une seule fois avant de mourir. La grande hampe florale (jusqu'à 8 m de haut chez Agave americana) porte en général de nombreuses fleurs tubulaires. La multiplication sexuée est assurée par les graines ou de façon asexuée par des bulbilles, et également par des rejets à la base de la rosette et dans un rayon d'un ou deux mètres, tout au long de la vie de l'individu et au moment de sa disparition après floraison.
Les agaves sont très souvent appelés de façon erronée aloès.
Le genre Agave est divisé en deux sous-genres : Agave et Littaea. L'identification des différentes et nombreuses espèces est difficile, certaines d'entre elles n'étant que des variations. L'origine géographique de certaines espèces est indéterminée.
Étymologie
« Agave » vient du grec ancien ἀγαυός, qui signifie « digne d'admiration ». Il pourrait s'agir d'une référence à Agavé, tante de Dionysos dans la mythologie grecque, qui a instauré le culte de ce dernier, lié au vin, par analogie avec la boisson alcoolisée fabriquée à partir de certaines espèces du genre[1]. En français, son nom est masculin.
Agave altissima Agave americana foliis-variegatis Agave americana subsp. americana Agave americana var. marginata Agave americana var. mediopicta Agave americana var. picta Agave americana var. striata Agave americana var. subtilis Agave americana var. theometel Agave americana var. variegata Agave americana Agave communis Agave complicata Agave cordillerensis Agave felina Agave fuerstenbergii Agave gracilispina Agave ingens Agave killischea Agave melliflua Agave milleri Agave monstruosa Agave ornata Agave picta Agave ramosa Agave rasconensis Agave salmiana var. gracilispina Agave spectabilis Agave subtilis Agave subzonata Agave theometel Agave variegata Agave virginica Agave zonata
Agave caerulescens Agave heteracantha Agave heteracantha var. univittata Agave heteracantha var. vittata Agave lophantha Agave lophantha Agave lophantha var. angustifolia Agave lophantha var. brevifolia Agave lophantha var. caerulescens Agave lophantha f. caerulescens Agave lophantha var. gracilior Agave lophantha var. pallida Agave lophantha var. poselgeri Agave lophantha var. subcanescens Agave lophantha var. univittata Agave univittata var. angustifolia Agave univittata var. brevifolia Agave univittata var. caerulescens Agave univittata var. caerulescens Agave univittata var. gracilior Agave univittata var. heteracantha Agave univittata var. lophantha Agave univittata var. subcanescens Agave vittata
Été sur la Côte d'Azur par Carl Hasch (vers 1890). On note des Agave americana au premier plan.
Agave americana est l'espèce la plus connue. Il est parfois aussi appelé maguey (au Mexique), Aloes Américain Aloe (mais il ne fait pas partie de la famille des Aloe), ou encore « plante centenaire » par allusion à sa longévité. Le délai nécessaire à la floraison est de plusieurs années, mais dépend aussi de la vigueur de l'individu, de la richesse du sol et du climat.
Agave americana a été introduit en Europe vers le milieu du XVIe siècle. Il s'est répandu dans le milieu naturel tout autour de la Méditerranée, bien qu'il craigne les fortes gelées.
Il est cultivé pour son bel aspect, avec une bande jaune sur le bord de feuilles (var. marginata), ou une bande blanche dans le milieu des feuilles (var. medio-picta).
Comme les feuilles se déroulent du centre de la rosette vers l'extérieur, on voit nettement la trace des épines sur le bord extérieur des feuilles au cœur de la rosette.
Il se reproduit très rapidement par ses rejets.
Agave attenuata
Agave attenuata est originaire du centre du Mexique, mais il est rare dans son habitat naturel. Contrairement à la plupart des espèces d'agave, Agave attenuata a une hampe florale courbe dont il tire un de ses nombreux surnoms : Agave queue de renard.
Agave attenuata est aussi cultivé comme une plante de jardin. Contrairement à beaucoup d'agaves, Agave attenuata n'a pas de fortes épines. C'est donc une plante idéale pour les bords de sentiers.
Agave tequilana
Agave tequilana ou Agave bleu est utilisé pour la production de la boisson nationale appelée Tequila.
Dans l'État de Jalisco au Mexique, plus de 34 658 hectares de territoire ont été déclarés comme patrimoine mondial par l'UNESCO afin de protéger les plantations d'agave bleu de la région[3].
Utilisations
Culture industrielle d'agave et usine produisant en Indonésie des fibres végétales au sein d'une association professionnelle dite « Amsterdam », début du XXe siècle.Agave chiapensis en fleurs.
Utilisations alimentaires
Dans l'agave sont comestibles : les fleurs, les feuilles (surtout au printemps quand elles sont riches en sève), les tiges florales (torréfiées, elles sont sucrées comme de la mélasse), et la sève aussi appelée aguamiel (=miel-eau). (Davidson 1999).
Aujourd'hui on peut trouver des dérivés alimentaires dans les supermarchés et épiceries : le sucre d'agave.
Avant l'arrivée des Espagnols, les peuples originaires d'Amérique produisaient le pulque (ou Octli), une boisson faiblement alcoolisée par fermentation du suc de Agave atrovirens prélevé en coupant la hampe florale. Il contient 12 % à 15 % de sucre. Les conquistadors ont distillé cette boisson pour obtenir le mesqual et la tequila à partir des cœurs de l'agave bleu nommé agave tequilana[4].
Le mezcal est un spiritueux à base d'agave d'origine mexicaine. Il est très populaire dans l'État de Oaxaca[5].
Moins connu à l'échelle mondiale, le bacanora est un autre type de spiritueux à base d'agave. Il provient de l'État de Sonora au Mexique[6].
En 2001, le gouvernement mexicain et l'Union Européenne ont défini une appellation contrôlée « 100 % Blue Agave Tequila ». Elle doit être obtenue à partir de l'espèce « Weber Blue Agave » selon des méthodes bien définies et dans certains États du Mexique seulement.
Autres utilisations domestiques
Les feuilles de plusieurs espèces fournissent des fibres : Agave rigida var. sisalana, chanvre-Sisal, Agave decipiens, chanvre faux-Sisal. Agave americana est à l'origine de la fibre « pita » utilisée comme fibre végétale au Mexique, dans les Antilles et le sud de l'Europe. Séchées, les tiges peuvent être utilisées pour fabriquer des sortes de flûtes. Séchée et coupée en tranches, la hampe florale fournit des rasoirs, et le jus tiré des feuilles; de la mousse semblable à celle du savon. Les indigènes du Mexique utilisent l'agave pour faire des stylos, des clous et des aiguilles. La plante est aussi largement utilisée pour des haies le long des chemins de fer.
Le sirop d'agave (également appelé « nectar d'agave ») est utilisé comme une alternative au sucre en cuisine. Mais c'est surtout à partir de l'agave que sont produits la tequila et le mezcal, deux liqueurs d'Amérique latine.
Utilisations médicales
Les feuilles prises par voie orale sont utilisées pour traiter la constipation et la flatulence ou comme diurétique. Les racines sont prises par voie orale pour traiter les articulations arthritiques[7].
Valorisation énergétique des déchets d'Agave
La bagasse d'Agave peut être méthanisée ou séchée et brûlée ou faire l'objet d'une carbonisation hydrothermale pour en tirer de l'énergie.
Utilisations textiles
Les fibres végétales de l'agave sont exploitées durant la période précolombienne dans diverses régions d'Amérique. Elles sont ensuite mélangées puis progressivement remplacées par les fibres de coton qui lui seront préférées durant la colonisation[8]. Le lien entre le travail des fibres végétales de l'agave et des natifs-américains est encore vivace[9], mais son utilisation sur le plan industriel ne se fait qu'à titre de composante végétale alternative et occasionnelle.
Pouvoir irritant
Le jus de nombreuses espèces d'agaves peut provoquer, par contact cutané, une dermatite, due à des agents irritants contenus dans le suc de la plante : oxalate de calcium, saponine irritante. Le mal de agaveros est une dermatite irritative dont souffrent, au Mexique, les travailleurs manipulant des agaves pour la fabrication de la tequila[10]. On rapporte en Europe des cas de dermatite purpurique chez des jardiniers ayant coupé des agaves à la tronçonneuse[11].
Rôle culturel
La plante d'agave est associée dans la culture aztèque à la déesse Mayahuel. Elle aurait été transformée en cette plante à la suite de la colère des autres divinités[12].
L'agave représente un symbole culturel important de la culture mexicaine dû à sa forte présence dans son histoire[13].
Références
↑François Couplan, Dictionnaire étymologique de botanique, éd. Delachaux et Niestlé, 2000.
↑Mariella Pizzetti, les plantes grasses, SOLAR, , 22 p. (ISBN2-263-00462-9).
↑(en-US) Brett Gundlock, « Oaxaca’s Potent Secret, Mezcal Is Born of Time, Tradition and a Slow-Growing Plant », The New York Times, (ISSN0362-4331, lire en ligne, consulté le )
↑Gary Laski, « Les plantes « succulentes » du désert », Plantes et santé, (lire en ligne, consulté le )
↑(en) Lena Bjerregaard et Ann Peters, PreColumbian Textile Conference VII / Jornadas de Textiles PreColombinos VII, Lulu.com, (ISBN978-1-60962-115-5, lire en ligne)
↑N. Genillier-Foin, M. Avenel-Audran. Dermatite purpurique de contact au suc d'Agave americana. Annales de dermatologie et de vénéréologie, 134:5, 2007 [Lire le résumé de l’article].
↑Laurent Lalékou Kouakou, « La nation au Mexique, entre métissage et pluralisme », Amerika. Mémoires, identités, territoires, no 19, (ISSN2107-0806, lire en ligne, consulté le )
Annexes
Bibliographie
Howard Scott Gentry : Agaves of Continental North America (University of Arizona Press, 1982), recensement de 136 espèces
Alan Davidson : The Oxford Companion to Food Oxford University press, 1999 (ISBN978-019-2115799)