TibulleTibulle Tibulle chez Délie, par Lawrence Alma-Tadema.
Tibulle (en latin Albius Tibullus), né vers 54 ou 50 av. J.-C. et mort en 19-18 av. J.-C., est un poète romain élégiaque. Avec Virgile et Horace, c'est un des inventeurs de la poésie champêtre. BiographieTout ce qu'on sait de Tibulle, c'est ce que nous en disent ses Élégies ainsi qu'un passage d'Horace et une biographie anonyme tardive. Il naît vers 50 av. J.-C. dans une famille équestre (riches chevaliers) campagnarde et aisée, mais dont la fortune avait été sérieusement écornée par les redistributions de terres aux vétérans en 41 av. J.-C., mesure qui toucha également Virgile, Horace et Properce. La propriété familiale se situait sur le territoire de Pedum, entre Tibur et Préneste. On suppose qu’il perdit son père dès sa plus jeune enfance et qu’il fut élevé entre sa mère et sa sœur. Tibulle était l'un des poètes les plus distingués du siècle d'Auguste. D'après les textes, il était beau et riche et serait venu à Rome pour y achever ses études. Marcus Valerius Messalla Corvinus fut son protecteur constant et fit de lui un des favoris de son cercle. Tibulle prit part aux deux expéditions militaires menées par Messalla en Gaule et en Orient. Son amitié avec Horace est attestée par les deux pièces que ce dernier lui adressa : l’ode I, 33 et l’épître I, 4. Sa mort suivit de très près celle de Virgile, et la quasi-simultanéité de ces deux disparitions ne manqua pas de frapper les esprits, ainsi qu’en témoigne cette épigramme d’un poète contemporain, Domitius Marsus : « Te quoque Vergilio comitem non aequa, Tibulle, « Toi aussi, Tibulle, pour y accompagner Virgile, Selon Jean-Yves Maleuvre, cette tragique coïncidence ne serait pas le pur fruit du hasard. J.-Y. Maleuvre met alors en cause la responsabilité de l’empereur Auguste. En ce qui concerne Tibulle, ses soupçons se fondent particulièrement sur l’analyse de l’épître I, 4 d’Horace et de l’élégie III, 9 des Amours d’Ovide[1]. Selon lui Tibulle aurait été un opposant du régime augustéen et un adepte assidu de la cacozelia latens, ou « écriture secrète » - qu'auraient aussi pratiquée Virgile, Horace, Properce et Ovide. Jean-Yves Maleuvre prétend s'appuyer sur une lecture attentive des deux pièces qu’Horace a adressées à Tibulle. L’épître I, 4, par exemple, précise que ce poète réputé tendre et inoffensif devait, dans ses élégies, « vaincre les crépuscules de Cassius de Parme » : or, Cassius de Parme était l’un des assassins de Jules César, et son calame valait une dague. Selon J.-Y. Maleuvre, Tibulle pouvait aussi difficilement oublier qu’Auguste avait été le grand maître d’œuvre des spoliations de 41. Cette interprétation de l'œuvre de Tibulle et de la poésie augustéenne, qui bouscule l'opinion généralement admise, fait l'objet d'âpres discussions parmi les spécialistes. Œuvre![]() Le Corpus Tibullianum a transmis sous son nom 4 livres d’élégies, dont seuls les deux premiers sont aujourd’hui considérés comme authentiques. Le poète chante ses amours tumultueuses pour deux femmes, Délie et Némésis, ainsi que pour un jeune garçon du nom de Marathus. Tel est du moins l’alibi.
StyleLe style de Tibulle, tersus atque elegans (clair et élégant), comme le définit Quintilien[2], est l'un des modèles du classicisme. Tibulle travaille avec un lexique limité et un nombre restreint de thèmes, qu'il varie pour créer des effets différents, passant de la douceur à la mélancolie, ce qui lui vaut d'être défini comme un « poète triste », parfois coléreux. Il ne fait pas preuve de l'érudition mythologique qui caractérise le style de son contemporain Properce, et la langue de Tibulle est exempte d'archaïsmes, de grécismes et de néologismes, ainsi que d'anomalies morphologiques. Ce qui caractérise sa poésie, c'est la description d'un type d'amour intense et bouleversant, mais fragile, précaire et difficile à gérer. Une autre de ses caractéristiques est le mélange de références à la religion traditionnelle et d'éléments de pratiques magiques et occultes. Les poètes Philippe Desportes (1546-1606) et Charles de Villette (1736-1793) ont été surnommées les « Tibulle français ». Œuvres
PostéritéDans les arts
Notes et référencesBibliographie
Articles connexesLiens externes
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