Samarium

Samarium
Image illustrative de l’article Samarium
Samarium dans une ampoule.
ProméthiumSamariumEuropium
  Structure cristalline rhomboédrique
 
62
Sm
 
               
               
                                   
                                   
                                                               
                                                               
   
                                           
Sm
Pu
Tableau completTableau étendu
Position dans le tableau périodique
Symbole Sm
Nom Samarium
Numéro atomique 62
Groupe
Période 6e période
Bloc Bloc f
Famille d'éléments Lanthanide
Configuration électronique [Xe] 4f6 6s2
Électrons par niveau d’énergie 2, 8, 18, 24, 8, 2
Propriétés atomiques de l'élément
Masse atomique 150,36 ± 0,03 u[1]
Rayon atomique (calc) 185 pm (238 pm)
Rayon de covalence 198 ± 8 pm[2]
État d’oxydation 3
Électronégativité (Pauling) 1,17
Oxyde Base
Énergies d’ionisation[3]
1re : 5,643 7 eV 2e : 11,07 eV
3e : 23,4 eV 4e : 41,4 eV
Isotopes les plus stables
Iso AN Période MD Ed PD
MeV
144Sm3,07 %stable avec 82 neutrons
146Sm{syn.}0,68×108 a[4]α2.529142Nd
147Sm14,99 %1,06×1011 aα2.310143Nd
148Sm11,24 %7×1015 aα1.986144Nd
149Sm13,82 %>2×1015 aαno data145Nd
150Sm7,38 %stable avec 88 neutrons
152Sm26,75 %stable avec 90 neutrons
154Sm22,75 %stable avec 92 neutrons
Propriétés physiques du corps simple
État ordinaire solide
Masse volumique 7,520 g·cm-3 (25 °C, α)[1]
Système cristallin Rhomboédrique
Couleur blanc argenté
Point de fusion 1 072 °C[1]
Point d’ébullition 1 794 °C[1]
Énergie de fusion 8,63 kJ·mol-1
Énergie de vaporisation 166,4 kJ·mol-1
Volume molaire 19,98×10-6 m3·mol-1
Pression de vapeur 563 Pa à 1 345 K
Vitesse du son 2 130 m·s-1 à 20 °C
Chaleur massique 200 J·kg-1·K-1
Conductivité électrique 0,956×106 S·m-1
Conductivité thermique 13,3 W·m-1·K-1
Divers
No CAS 7440-19-9[5]
No ECHA 100.028.298
No CE 231-128-7
Précautions
SGH[6]
SGH02 : InflammableSGH08 : Sensibilisant, mutagène, cancérogène, reprotoxique
H228, H261, H373, P210, P231+P232 et P422
Transport[6]
-
   2910   

Unités du SI & CNTP, sauf indication contraire.

Le samarium est l'élément chimique de numéro atomique 62, de symbole Sm. Il appartient au groupe des lanthanides (inclus dans les terres rares). Le corps simple samarium est un métal.

Le samarium est un métal rare sur la Terre. Il est présent en concentration jusqu’à 2,8 % dans plusieurs minéraux, notamment la cérite, la gadolinite, la samarskite, la monazite et la bastnäsite, les deux derniers étant les sources commerciales les plus courantes de l’élément. Ces minéraux se trouvent principalement en Chine, aux États-Unis, au Brésil, en Inde, au Sri Lanka et en Australie. La Chine est de loin le leader mondial de l’extraction et de la production de samarium.

Caractéristiques

Propriétés physiques

Échantillon de samarium dans une ampoule.

Le samarium est de couleur argentée, relativement stable à l'air libre et s'enflamme spontanément à 150 °C.

Le samarium est un élément de terre rare d’une dureté et d’une densité similaires à celles du zinc. Avec un point d’ébullition de 1 794 °C, le samarium est le troisième lanthanide le plus volatil après l’ytterbium et l’europium et comparable à cet égard au plomb et au baryum ; cela aide à séparer le samarium de ses minerais[7],[1]. Lorsqu’il est fraîchement préparé, le samarium a un éclat argenté et prend un aspect plus terne lorsqu’il est oxydé à l’air. On calcule que le samarium a l’un des plus grands rayons atomiques des éléments ; avec un rayon de 238 pm, seuls le potassium, le praséodyme, le baryum, le rubidium et le césium sont plus grands[8].

Dans des conditions ambiantes, le samarium a une structure rhomboédrique (forme α). Lorsqu’il est chauffé à 731 °C, sa symétrie cristalline passe à hexagonale compacte (hcp) ; il a une température de transition réelle dépendant de la pureté du métal. Un chauffage supplémentaire à 922 °C transforme le métal en une phase cubique centrée (bcc). Le chauffage à 300 °C et la compression à 40 kbar permettent d’obtenir une structure hexagonale compacte double (dhcp). Une pression plus élevée de l’ordre de centaines ou de milliers de kilobars induit une série de transformations de phase, avec notamment une phase tétragonale apparaissant à environ 900 kbar[9]. Dans une étude, la phase dhcp a pu être produite sans compression, en utilisant un régime de recuit hors équilibre avec un changement de température rapide entre environ 400 °C et 700 °C), confirmant le caractère transitoire de cette phase de samarium. Les couches minces de samarium obtenues par dépôt en phase vapeur peuvent contenir les phases hcp ou dhcp dans des conditions ambiantes[9].

Le samarium et son sesquioxyde sont paramagnétiques à température ambiante. Leurs moments magnétiques effectifs correspondants, inférieurs à 2 magnétons de Bohr, sont les troisièmes plus faibles parmi les lanthanides (et leurs oxydes) après le lanthane et le lutécium. Le métal adopte un état antiferromagnétique lors du refroidissement à 14,8 K[10],[11]. Les atomes de samarium individuels peuvent être isolés en les encapsulant dans des molécules de fullerène[12]. Ils peuvent également être intercalés dans les interstices du C60 massif pour former une solution solide de composition nominale Sm3C60, qui est supraconductrice à une température de 8 K. Le dopage des supraconducteurs à base de fer avec du samarium – une famille de supraconducteurs à haute température – augmente leur température de transition vers la conductivité normale jusqu’à 56 K, la valeur la plus élevée atteinte à ce jour dans cette série[13].

Propriétés chimiques

Dans l’air, le samarium s’oxyde lentement à température ambiante et s’enflamme spontanément à 150 °C[14],[1]. Même lorsqu'il est stocké sous huile minérale, le samarium s’oxyde progressivement et développe une poudre jaune grisâtre du mélange oxyde-hydroxyde à la surface. L’aspect métallique d’un échantillon peut être préservé en le scellant sous un gaz inerte tel que l'argon.

Le samarium est assez électropositif et réagit lentement avec l’eau froide et rapidement avec l’eau chaude pour former de l’hydroxyde de samarium[15] :

2Sm(s) + 6H2O(l) → 2Sm(OH)3(aq) + 3H2(g)

Le samarium se dissout facilement dans l'acide sulfurique dilué pour former des solutions contenant les ions jaunes à vert pâle Sm(III)[16], qui existent sous forme de complexes [Sm(OH2)9]3+[15] :

2Sm(s) + 3H2SO4(aq) → 2Sm3+(aq) + 3SO42-(aq) + 3H2(g)

Le samarium est l’un des rares lanthanides avec un état d’oxydation +2 relativement accessible, aux côtés de Eu et de Yb[17]. Les ions Sm2+ sont rouge sang en solution aqueuse[18].

Histoire et étymologie

Découvertes des terres rares.
Yttrium (1794)

Yttrium



Terbium (1843)



Erbium (1843)
Erbium

Erbium



Thulium (1879)



Holmium (1879)

Holmium



Dysprosium (1886)






Ytterbium (1878)

Ytterbium

Ytterbium



Lutécium (1907)




Scandium (1879)








Cérium (1803)

Cérium


Lanthane (1839)

Lanthane


Didyme (1839)
Didyme

Néodyme (1885)



Praséodyme (1885)



Samarium (1879)

Samarium

Samarium



Europium (1901)





Gadolinium (1880)







Prométhium (1947)


Diagrammes des découvertes des terres rares. Les dates entre parenthèses sont les dates d'annonces des découvertes[19]. Les branches représentent les séparations des éléments à partir d'un ancien (l'un des nouveaux éléments conservant le nom de l'ancien, sauf pour le didyme).

Le samarium est découvert par spectroscopie en 1853 par le chimiste suisse Jean Charles Galissard de Marignac, par l'observation de ses fines raies d'absorption dans le didyme. Il est isolé (sous forme d'un mélange de deux oxydes) à Paris en 1879 par le chimiste français Paul-Émile Lecoq de Boisbaudran à partir de la samarskite, un minéral de formule chimique (Y,Ce,U,Fe)3(Nb,Ta,Ti)5O16. En 1901, le chimiste français Eugène Demarçay réussit à séparer les deux oxydes, et découvre ainsi l'europium.

Le nom du samarium provient de celui de la samarskite, découverte par le colonel Samarsky dans une mine de l'Oural.

Isotopes

Le samarium naturel est composé de cinq isotopes stables (144Sm, 149Sm, 150Sm, 152Sm et 154Sm) et de deux radioisotopes de très longue demi-vie, 147Sm (1,06 × 1011 a) et 148Sm (7 × 1015 a), 152Sm étant le plus abondant (22,75 %). 146Sm a également une très longue demi-vie (1,03 × 108 a), mais il n'est présent naturellement qu'à l'état de traces, comme produit de la nucléosynthèse explosive[20].

Utilisations

Effets biologiques

Le samarium métallique n'a pas de rôle biologique connu dans le corps humain. Les sels de samarium sont réputés stimuler le métabolisme, mais il n'est pas certain que cet effet provienne du samarium lui-même plutôt que des autres lanthanides présents avec lui. La quantité totale de samarium chez l'adulte est de l'ordre de 50 μg, essentiellement dans le foie et les reins avec environ 8 µg /L dans le sang.

Après ingestion, seuls 0,05 % des sels de samarium sont absorbés dans le sang, le reste étant directement excrété. Depuis le sang, environ 45 % du samarium passe dans le foie et 45 % se dépose à la surface des os, où il demeure environ dix ans, les 10 % restants étant à leur tour excrétés[22].

Le samarium n'est généralement pas absorbé par les plantes dans des quantités mesurables et n'entre donc pas dans l'alimentation humaine. Cependant, certaines d'entre elles[Lesquelles ?] peuvent en contenir 1 ppm. Les sels du samarium insolubles dans l'eau ne sont pas toxiques, ceux qui sont solubles l'étant légèrement[14].

Notes et références

  1. a b c d e et f (en) David R. Lide, CRC Handbook of Chemistry and Physics, CRC Press Inc, , 90e éd., 2804 p., Relié (ISBN 978-1-420-09084-0)
  2. (en) Beatriz Cordero, Verónica Gómez, Ana E. Platero-Prats, Marc Revés, Jorge Echeverría, Eduard Cremades, Flavia Barragán et Santiago Alvarez, « Covalent radii revisited », Dalton Transactions,‎ , p. 2832 - 2838 (DOI 10.1039/b801115j)
  3. (en) David R. Lide, CRC Handbook of Chemistry and Physics, CRC, , 89e éd., p. 10-203
  4. (en) N. Kinoshita, M. Paul, Y. Kashiv, P. Collon, C. M. Deibel, B. DiGiovine, J. P. Greene, D. J. Henderson, C. L. Jiang, S. T. Marley, T. Nakanishi, R. C. Pardo, K. E. Rehm, D. Robertson, R. Scott, C. Schmitt, X. D. Tang, R. Vondrasek et A. Yokoyama, « A Shorter 146Sm Half-Life Measured and Implications for 146Sm-142Nd Chronology in the Solar System », Science, vol. 335, no 6076,‎ , p. 1614-1617 (lire en ligne) DOI 10.1126/science.1215510
  5. Base de données Chemical Abstracts interrogée via SciFinder Web le 15 décembre 2009 (résultats de la recherche)
  6. a et b Samarium, puriss., 99.9% chez Sigma-Aldrich.
  7. (en) J.A. Dean, Lange's Handbook of Chemistry, New York, NY, McGraw-Hill, , 15e éd. (ISBN 978-0-07016384-3), Section 3; Table 3.2 Physical Constants of Inorganic Compounds
  8. (en) E. Clementi, D. L. Raimond et W. P. Reinhardt, « Atomic Screening Constants from SCF Functions. II. Atoms with 37 to 86 Electrons », Journal of Chemical Physics, vol. 47, no 4,‎ , p. 1300–1307 (DOI 10.1063/1.1712084, Bibcode 1967JChPh..47.1300C)
  9. a et b (en) N. Shi et D. Fort, « Preparation of samarium in the double hexagonal close packed form », Journal of the Less Common Metals, vol. 113, no 2,‎ , p. 21 (DOI 10.1016/0022-5088(85)90294-2)
  10. (en) J. M. Lock, « The Magnetic Susceptibilities of Lanthanum, Cerium, Praseodymium, Neodymium and Samarium, from 1.5 K to 300 K », Proceedings of the Physical Society, vol. 70, no 6,‎ , p. 566 (DOI 10.1088/0370-1301/70/6/304, Bibcode 1957PPSB...70..566L)
  11. (en) P. Huray, S. Nave et R. Haire, « Magnetism of the heavy 5f elements », Journal of the Less Common Metals, vol. 93, no 2,‎ , p. 293 (DOI 10.1016/0022-5088(83)90175-3)
  12. (en) T. Okazaki, Kazutomo Suenaga, Kaori Hirahara, Shunji Bandow, Sumio Iijima et Hisanori Shinohara, « Electronic and geometric structures of metallofullerene peapods », Physica B, vol. 323, nos 1–4,‎ , p. 97 (DOI 10.1016/S0921-4526(02)00991-2, Bibcode 2002PhyB..323...97O)
  13. (en) G. Wu, Y. L. Xie, H. Chen, M. Zhong, R. H. Liu, B. C. Shi, Q. J. Li, X. F. Wang et T. Wu, « Superconductivity at 56 K in Samarium-doped SrFeAsF », Journal of Physics: Condensed Matter, vol. 21, no 14,‎ , p. 142203 (PMID 21825317, DOI 10.1088/0953-8984/21/14/142203, Bibcode 2009JPCM...21n2203W, arXiv 0811.0761, S2CID 41728130)
  14. a et b (en) John Emsley, Nature's Building Blocks: An A–Z Guide to the Elements, Oxford, England, UK, Oxford University Press, , 371-374 p. (ISBN 0-19-850340-7, lire en ligne), « Samarium »
  15. a et b (en) « Chemical reactions of Samarium », Webelements (consulté le )
  16. Greenwood, p. 1243
  17. (en) Stephen T. Liddle, David P. Mills et Louise S. Natrajan, The lanthanides and actinides: synthesis, reactivity, properties and applications, London, (ISBN 978-1-80061-015-6, OCLC 1251740566), p. 213
  18. Greenwood, p. 1248
  19. (en) Episodes from the History of the Rare Earth Elements, Springer Netherlands, coll. « Chemists and Chemistry », (ISBN 9789401066143 et 9789400902879, DOI 10.1007/978-94-009-0287-9), xxi.
  20. (en) Samir Maji, Susanta Lahiri, Birgit Wierczinski et Gunther Korschinek, « Separation of samarium and neodymium: a prerequisite for getting signals from nuclear synthesis », Analyst, vol. 131, no 12,‎ , p. 1332–1334 (PMID 17124541, DOI 10.1039/b608157f, Bibcode 2006Ana...131.1332M)
  21. « Informations sur les matériaux magnétiques — Aimants au samarium-cobalt (SmCo) » [PDF], sur maurermagnetic.com, (consulté le ), p. 52-1.
  22. Human Health Fact Sheet on Samarium, Los Alamos National Laboratory

Voir aussi

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Liens externes


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