Les Mots
Les Mots sont une autobiographie publiée par Jean-Paul Sartre en 1963 dans une revue puis en 1964 sous forme de livre chez Gallimard. Le texte est d'abord paru dans sa revue Les Temps modernes, dans le no 209 (octobre 1963) et le no 210 (). En 1979, une édition bibliophilique est réalisée par les Éditions Rombaldi, avec une préface de Michel Tournier et des illustrations de Michèle Battut. Le récit, qui couvre l'enfance de l'auteur de ses quatre à ses onze ans, se divise en deux parties : « Lire » et « Écrire ». Le titre originellement prévu était Jean sans terre, pour le jeu de mots mais aussi en référence à Jean d'Angleterre, sans héritage. Présentation et structureLe texte est divisé en deux parties à peu près équivalentes intitulées « Lire » et « Écrire ». Cependant, selon Philippe Lejeune, ces deux parties ne sont qu'une façade et ne révèlent pas la progression chronologique de l'œuvre. Il considère que le texte devrait plutôt être divisé en cinq parties qu'il appelle « actes ».
Ces « actes » ne rentrent aucunement dans une pièce de théâtre, Les Mots étant un récit et ces actes sont comme des bornes à différentes étapes de sa vie. Analyse et commentairesLe premier titre auquel pensait Jean-Paul Sartre était Jean sans terre, qu'il fallait comprendre selon Jean-Bertrand Pontalis comme Jean sans père, et son projet était de revenir sur son enfance petite-bourgeoise qui l'avait « programmé » pour être un homme des mots alors qu'aucun livre ne fait le poids face aux malheurs des hommes réels. C'est pour démystifier l'écriture, considérée maintenant comme une composante de l'idéologie bourgeoise, qu'il entreprend de régler ses comptes avec l'enfant roi et bouffon que sa famille — et en particulier sa mère et son grand-père maternel Karl Schweitzer — avait fabriqué. Sartre, né « fils d'un mort » (son père était malade et décédera rapidement), d'une mère privée de ses droits et d'un grand-père autoritaire, décrit comment il a joué une « comédie des adultes » durant ses jeunes années : « J'étais un polichinelle, un pasquin, un grimacier ». Comme tout autobiographe, l'auteur joue du dévoilement orienté en cherchant à illustrer sa thèse, et en maniant avec aisance l'auto-ironie. Mais il s'agit bien d'une mise en scène de l'enfant qu'il dit avoir été ; cette recréation de son enfance comporte en effet des erreurs chronologiques et des choix révélateurs, comme le démontre la biographie détaillée établie par Annie Cohen-Solal. Sartre, tout en racontant sa propre histoire, a entremêlé celle de son époque, à la morale rigoriste, qu'il pourfendra plus tard. ProlongementCette œuvre de prise de distance avec l'écriture a été, un peu paradoxalement, très travaillée par l'auteur et saluée presque unanimement comme une « réussite littéraire »[réf. nécessaire]. Cette autobiographie constitue en fait les adieux brillants de Jean-Paul Sartre à la littérature. Le jury du prix Nobel de littérature y voit le couronnement d'une œuvre qui vaut la peine d'être primée. Sartre écrira à ce jury pour demander de ne pas le distinguer, en vain. En novembre 1964, il refuse le prix, « attribué à l'écrivain français Jean-Paul Sartre pour son œuvre qui, par l'esprit de liberté et la recherche de vérité dont elle témoigne, a exercé une vaste influence sur notre époque ». Car, selon lui, personne ne mérite la gloire de son vivant ; et surtout, tenant à sa liberté et son indépendance, il ne voulait pas dépendre d'une quelconque institution. CitationsSur le thème de la lecture
Sur le thème de la spiritualité
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