Il est le frère du critique d'art Gérald Schurr (1915-1989)).
Biographie
Fils de Julien Schürr-Linovski, industriel d'ascendance polonaise, et de Suzanne Weissenthaner, nancéienne[3], peignant dès l'âge de sept ans, Claude Schürr confie : « J'ai toujours su que je peindrais car l'idée de faire autre chose ne m'est jamais venue à l'esprit »[4]. C'est dès l'âge de treize ans qu'il « suit des cours du soir où il apprend à dessiner des nus et à faire des moulages de plâtre » puis, après le lycée Pasteur de Neuilly-sur-Seine[3] (il conservera de ces jeunes années le souvenir d'« un professeur de dessin extraordinaire, Monsieur Lesbounit, auquel il devra tant ses progrès accomplis que son propre attachement à l'enseignement »), il étudie dans les ateliers de Nicolas Untersteller et de Fernand Sabatté à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris de 1938 à 1942[5].
Dans un entretien avec Isabelle Eichenberger, Claude Schürr évoque son vécu de la Seconde Guerre mondiale où son jeune âge lui évite la mobilisation :
« Il se trouve que la guerre, dont je n'ai pas eu à souffrir moi-même, m'a cependant marqué de son climat de mysticisme, d'angoisse et de rigueur, elle a transformé complètement la peinture que je faisais en une chose très spirituelle, pleine de retenue. Ce qui fait que je ne regrette pas ces événements si funestes, car sans la guerre, je serais probablement devenu informel. Elle m'a imposé une discipline et petit à petit, je suis revenu à ma vraie peinture[6]. »
Le style de Claude Schürr est fréquemment décrit comme une synthèse entre le cubisme et l'impressionnisme[10], entre l'abstraction et la figuration[11]. « Ses œuvres sont avant tout l'expression d'une recherche de modernité[10] qui s'exprime avec une forte personnalité et beaucoup d'indépendance »[8].
« L'homme est aussi coloré que son œuvre. Son humour très anglais et sa prestance l'ont fait remarquer par Jacques Tati qui l'a fait tourner dans un de ses films[Lequel ?] » se souvient-on à l'Académie Julian[8].
« Dans le sillage du post-cubisme, perçoit Lydia Harambourg, Schürr compose la toile à partir de facettes colorées dont l'imbrication souligne les qualités de dessinateur qui participent à la structure solide de ses sujets : des nus, des intérieurs, et surtout des paysages que lui inspirent ses nombreux voyages dans les pays d'Europe. Sa palette joue sur des tons vifs et contrastés, dont la dominante chaude ou froide est en rapport avec le thème du tableau »[2].
Claude Schürr confie lui-même : « c'est à partir des taches de couleur que je trouve mon sujet. Le sujet, en effet, m'est finalement indispensable : la peinture pure et dépourvue de signes m'irrite autant que la peinture figurative où le signe et l'anecdote sont trop éloquents »[5].
Pierre Benoit, Œuvres complètes en 14 volumes, au tome IV : Jamrose, roman préfacé par Francis Didelot et illustré par Claude Schürr, Cercle du bibliophile, 1967-1968.
Claude Schürr, Port-Royal en couleurs, illustrations de Claude Schürr, Foyer international d'accueil de Paris, 1976.
Les peintres de la Marine font escale à l'Assemblée nationale, Assemblée nationale, Paris, septembre-octobre 2001[35].
25e Carrefour des Arts - Les peintres de l'air et de l'espace, Lalouvesc, juillet-août 2013[36].
Réception critique
« Il continue d'opposer ce qu'il appelle les "présences" aux "évidences". Une assiette blanche sur une nappe blanche, c'est ce qu'il désigne par le mot présence. Les objets se distinguent à peine ; on sent seulement qu'ils sont là. Les contrastes d'une nappe blanche et d'un fond sombre, c'est ce qu'il nomme une évidence ; ce contraste s'impose à la vue comme une évidence s'impose à l'esprit. » - Connaissance des arts[37]
« Une construction solide, raffinée ; un monde poétique, tout de fraîcheur, dénotant une profonde joie de vivre confirmée par une palette aux teintes délicates, presque pastellisées, et dans laquelle dominent les bleus, les violets et les mauves. L'art de Claude Schürr est remarquablement équilibré.. Une peinture large, sans mesquinerie, heureuse. » - Henry Galy-Carles[18]
« Les paysages vibrants, dynamiques, complexes, dans leurs volumes imbriqués, recueillis en Provence et sur la côte bretonne par Claude Schürr : une vision toujours inattendue, synthétique et rythmée, une lumière comme domptée qui assure une construction de symphonie à ces compositions ruisselantes de couleurs. » - Gérald Schurr[34]
« Claude Schürr appréhende le réel dans un style très personnel qui synthétise la forme, analyse le chromatisme et se résout dans une symphonie de tons irisés, dans des vibrations qui confèrent à ses compositions une ambiance de fête onirique. » - Gérald Schürr[38]
« Schürr apparaît fougueux, coloriste, gratifié d'un don sacré […] Il pénètre le secret du mystère et de l'harmonie de la vie et il connaît l'enthousiasme des sens. » - Hugues de la Touche, conservateur des musées de Menton[26]
« Du sujet, Schürr ne retient que l'essentiel : lignes et formes. La synthèse entre formel et informel, figuration et abstraction, domine son œuvre. Je suis figuratif, mais je ne le serais pas de la même manière si les abstraits n'avaient pas existé précise-t-il. » - Lydia Harambourg[11]
↑ abcdefghijklm et n Éric Mercier, Années 50 - La Jeune Peinture, tome 2 : Panorama de la Jeune Peinture, ArtAcatos, 2010, « Claude Schürr », p. 350-353.
↑ Claude Schürr, « interview à propos de deux tapisseries réalisées pour le collège technique de Saint-Malo »' émission Arts d'aujourd'hui, France Culture, 11 mars 1967.
↑ a et b Claude Schürr, « interview à propos de ses expositions d'aquarelles à la galerie Badinier et de peintures à la galerie Chardin », émission Arts d'aujourd'hui, France Culture, 10 juin 1967.
↑ Gérald Schurr , « Les expositions : Galeries Rive Gauche », La Gazette de l'Hôtel Drouot, n°22, 29 mai 1981, page 47.
↑ Gérald Schurr, « Les expositions », La Gazette de l'Hôtel Drouot, n°29, 9 septembre 1983, page 12.
↑ Gérald Schurr, « Les expositions : les galeries parisiennes de la rive droite », La Gazette de l'Hôtel Drouot, n°23, 3 juin 1988, page 106.
↑ Gérald Schurr, « Les expositions en province », La Gazette de l'Hôtel Drouot, n°23, 9 juin 1989, page 137.
↑ Gérald Schurr, « Les expositions », La Gazette de l'Hôtel Drouot, n°35, 13 octobre 1989, pages 72-73.
↑ Jean Cassou, Pierre Courthion, Bernard Dorival, Georges Duby, Serge Fauchereau, René Huyghe, Jean Leymarie, Jean Monneret, André Parinaud, Pierre Roumeguère, Michel Seuohor, Un siècle d'art moderne - L'histoire du Salon des indépendants, Denoël, 1984.
Pierre Cabanne, Le Midi des peintres, collection Tout par l'image, Hachette, 1964.
René Huyghe et Jean Rudel, L'art et le monde moderne, Larousse, 1970.
Michel Ratier et Geneviève Testanière, Paul Charlot, Lucien Fontanarosa, Marcel Mouly, Henry Plisson, Claude Schürr, Volti, édité par Galerie Pierre Chardin, 1973.
Emmanuel Bénézit, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, Gründ, 1999.
Jean-Pierre Delarge, Dictionnaire des arts plastiques modernes et contemporains, Gründ, 2001.
Éric Mercier, Années 50 - la Jeune Peinture, tome I : L'alternance figurative ; tome II : Panorama de la Jeune Peinture. ArtAcatos éditeur, 2010.
Christophe Berteaux, première monographie consacrée à Claude Schürr, composée d'une biographie, de 220 œuvres reproduites et 65 photographies et documents d'archives, Éditions Les ArtistesTémoins, 2017.