Ayutthaya (nom complet : Phra Nakhon Si Ayutthaya, thaï พระนครศรีอยุธยา) est la capitale de la province d'Ayutthaya en Thaïlande. Fondée en 1350 ou 1351 par le roi U-Thong (Ramathibodi Ier)[1],[2],[3], elle devint la capitale du royaume d'Ayutthaya, ou Siam. Au XVIIe siècle vers 1600, elle comptait quelque 150 000 habitants et, au XVIIIe siècle vers 1700, elle figurait parmi les plus grandes cités du monde, avec près d'un million d'habitants. Détruite en 1767 par l'armée birmane[4], elle perd son rôle au profit de la nouvelle capitale, Bangkok, et est aujourd'hui principalement connue pour les ruines de ses temples dans un parc historique classé au patrimoine mondial de l'Humanité de l'Unesco[5],[6].
Ayutthaya se trouve à environ 70 km au nord de Bangkok.
Étymologie
Le nom d'Ayutthaya vient de celui de la ville du Ayodhya, en Inde. Cette ville est en effet celle de Rāma, héros du Rāmāyana. Ce nom signifie « qui ne peut être conquis » en sanskrit.
Géographie
Située au confluent de la Chao Phraya et de la Pa Sak, la vieille ville d'Ayutthaya se trouvait dans un méandre du fleuve, recoupé par un canal pour en faire une île verdoyante de forme ovale mesurant 4 km d'ouest en est et 2,5 km du nord au sud.
Cette ville était entrecoupée d'un quadrillage dense et assez régulier de canaux (khlongs) et les étrangers la surnommaient parfois "la Venise de l'Est". On s'y déplaçait beaucoup plus en barque qu'à pied car les rues étaient souvent étroites et peu commodes.
Il y avait aussi de nombreux ponts et des marchés flottants[7].
Ayutthaya était doté d'un simple rempart de terre dans un premier temps, puis, à partir de 1549 et du roi Maha Chakkraphat, de remparts de briques[8] percés de vingt-trois portes et fortifiés de seize bastions en brique[9]. Un siècle plus tard, à l'époque du roi Narai (1656-1688), ces remparts de briques étaient pour l'essentiel ruinés…
À peine 1/6e de l'île était peuplée : surtout au sud-est, le long du fleuve où arrimaient les navires ; les 5/6e étaient constitués du palais royal, de résidences princières ou nobles et de temples (wats) dotés de vastes jardins[10].
Les Siamois y habitaient des maisons de bambou, de bois et de palme ; les étrangers y construisaient des maisons de briques selon leurs usages mais fort peu adaptées au climat.
La capitale Ayutthaya était aussi constitué de nombreux faubourgs autour de l'île principale :
Ayutthaya a été pendant un peu plus de 400 ans une prospère cité-état et un puissant royaume vivant de ses riches campagnes de rizières et des eaux poissonneuses de la Chao Phraya ; richesses agricoles accrues aux XVIIe et XVIIIe siècles par le commerce maritime international.
Pillée par les armées birmanes du roi Bayinnaung en 1569 puis assujettie jusqu'en 1584, Ayutthaya retrouva son indépendance et sa puissance sous le règne de Naresuan (1590-1605). Deux siècles plus tard, la cité fut finalement rasée et incendiée par le roi birman Hsinbyushin en 1767[14] après un siège de plus d'un an[15],[16], date à laquelle le général Taksin, devenu roi de Thaïlande, se replia à 80 km au sud, en aval de la Chao Phraya, pour y fonder la nouvelle capitale, Thonburi(1767-1782) ; puis Phra Yot Fa (Rama Ier) décida, pour des raisons de défense, de transférer la capitale sur la rive gauche à Bangkok le 6 avril 1782.
Les principaux monuments intra-muros du site sont :
les ruines du palais royal de Wang Luang au nord de la cité, monument incendié par les birmans en 1767 lors de la prise d'Ayutthaya ;
et les temples situés à proximité du palais royal : Wat Pra Ram (1369), Wat Mahathat (1384), Wat Ratchaburana (1424)...et Wat Si Sanphet (1492), le plus important de tous.
Parmi les fondations extra-muros, il faut signaler :
Wat Phu Khao Thong, vaste stupa de style « môn » construit par les Birmans après leur victoire de 1569 et restauré en 1745 dans le style « thaï » ;
et le Wat Yai Chai Mongkon, stupa édifié par le roi Naresuan le Grand en 1592 pour célébrer la défaite birmane de Nong Saray.
La ville nouvelle est actuellement reconstruite quelques kilomètres plus loin vers l'est et elle a 53 290 habitants (en 2012).
Anciens temples des XIVe, XVe, XVIe et XVIIe siècles
La partie historique d'Ayutthaya est principalement constituée des ruines de ses anciens temples appelés wats car il ne subsiste aucun palais et aucune habitation en bois de cette époque. Ces ruines représentent une quinzaine de sites, dont des Bouddhas couchés.
Tandis qu'à l'époque de leur construction les temples et sculptures étaient entièrement recouverts de stuc alors peint et éventuellement doré, celui-ci s'est dégradé au fil du temps et ne recouvre plus qu'une infime proportion des constructions. La plupart des statues retrouvées dans les ruines ont été remplacées par des répliques de facture artisanale ; et la brique sous-jacente, de couleur rouge, est aujourd'hui à nu.
Le cœur du temple bouddhiste à l'époque d'Ayutthaya, comme à l'époque de Sukhothaï, est orienté sur un axe est-ouest : c'est un haut stupa (chedi ; reliquaire) à l'ouest associé à un wihan principal (salle d'assemblée des religieux et de laïcs) à l'est ; ce peut être aussi un prang associé à un wihan principal.
L'ubosot (bot ; hall d'ordination, salle d'assemblée réservée uniquement aux religieux, c'est-à-dire aux bonzes et aux novices) ressemble à un wihan en plus petit, caractérisé par ses bornes sacrés, et il est placé généralement en position très excentrée[19].
Un prang de grande hauteur marque le centre de la cour interne cernée d'une galerie couverte sur laquelle s'ouvre le grand wihan (vihan) axial de l'est.L'ubosot (bot) est également implanté sur l'axe est-ouest, mais à l'ouest du grand prang et séparé de la galerie.
Wat Phra Si Sanphet est inclus dans le palais royal (Wang Luang) et il n'y résidaient pas de bonzes (comme à Wat Phra Kaeo).Ce temple bouddhiste est centré sur l'alignement de trois stupas (chedis) et de trois sanctuaires.
Les wihans (vihans) se distribuent régulièrement autour de la galerie couverte et l'ubosot (bot) est excentré, écarté dans l'angle sud-est.
Le petit prang central, cerné de quatre chedi, a été construit sur une terrasse à gradins en 1369. Il a été restauré aux XVe et XVIIIe siècles. On peut y observer des sculptures en stuc d'origine de naga, garuda, bouddhas...
La légende veut qu'il soit placé à l'endroit même où le premier roi d'Ayutthaya, U-Thong, a été incinéré[20].
C'est une construction de latérite, de grès et de briques. Le prang central mesurait à l'origine 46 m puis après une restauration à la suite d'un écroulement 50 m : de nos jours, il est totalement ruiné et il ne subsiste que le socle, une terrasse à gradins.En 1956, des fouilles archéologiques ont mis au jour un trésor essentiellement religieux exposé aujourd'hui au musée national d'Ayutthaya, le Chao Sam Phraya.
C'est le seul temple à ne pas avoir été détruit lors de l'invasion birmane de 1767. C'est aussi un des rares sites d'Ayutthaya non implanté sur le traditionnel axe est-ouest[21].
Ce sanctuaire est construit en 1951 pour abriter le plus grand Bouddha de bronze de Thaïlande (12 m de haut sans le socle, 19 m avec ; fondu sans doute au XVe siècle). C'est le seul bâtiment religieux du parc historique d'Ayutthaya en activité de nos jours, les autres wats étant à l'abandon et en ruines depuis 1767.
L'esplanade située devant le wihan était autrefois le site des crémations royales.
Autres sites culturels
Kraal des éléphants (corral à éléphant), une arène délimitée par des piliers rouges qui servait jadis au domptage des éléphants sauvages et à leur entraînement à la guerre, restauré par Rama Ier et plusieurs de ses successeurs, le seul kraal qui subsiste de nos jours en Thaïlande[22].
Baan Hollanda, village hollandais construit au XVIIe siècle, actuellement en reconstruction dans le but de devenir un musée et un centre d'informations sur la ville.
Galeries de photographies
Vestiges archéologiques d'Ayutthaya intra-muros
Palais royal Wang Luang
Ruines du palais royal (Wat Phra Si Sanphet)
Pavillon Tri Mulk
Wat Phra Si Sanphet
Reconstitution de Wat Phra Si Sanphet.
Maquette de Wat Phra Si Sanphet.
Les trois chedi principaux alignés Est-Ouest.
Le wihan principal et les trois chedi principaux alignés sur un axe Est-Ouest.
Wihan principal (à gauche) et wihan secondaire (à droite) ; et les trois chedi.
Wihan secondaire avec vestiges de pans de mur et colonnes en brique.
Stupa (Chedi) secondaire en forme de cloche.
Fenêtre en arc brisé trilobé (sans doute de la bibliothèque) et deux stupas de style cingalais
Ubosoth (Bot) clairement identifiable par sa borne rituelle Bai sema ; et les trois chedi principaux
Bonzes visitant les ruines de Wat Phra Si Sanphet.
Un des wihan secondaires avec son Bouddha au fond et Chedi en arrière-plan.
Wat Mahathat
Plan du Wat Mahathat.
Vue d'ensemble avec mur d'enceinte et tour octogonale.
Prang principal complètement effondré dont il ne reste que le socle.
Wihan secondaire, Bouddha et Prang secondaire.
Wat Ratchaburana
Plan de Wat Ratchburana.
Porte d'entrée Est et façade Est du grand Wihan (vihan principal).
Intérieur du grand wihan et prang principal.
Grand wihan vu du prang principal.
Prang principal.
Wat Phra Ram
Maquette du Wat Phra Ram
Elephant et Wat Phra Ram
Panneau descriptif du Wihan principal en thaï et anglais
Wihan principal avec son escalier et en arrière-plan le prang principal sur un axe est-ouest
Panneau descriptif de la galerie couverte entourant le prang principal
Ruines de la galerie couverte et en arrière-plan socle du prang principal
Panneau descriptif du prang principal
Prang principal et un chedi (stupa)
Statue de Garuda constituée de briques et stuc d'origine
Statue de naga constituée de briques et stuc d'origine
Boudha couché du Wat Lokaya Sutharan
Bouddha couché avec son oreiller de lotus caractéristique du XVIe siècle.
Il mesure 20 mètres de long.
Offrande de fleurs jaunes, de fleurs de lotus et de feuilles d'or.
Wihan Phra Mongkon abritant le plus grand Bouddha de bronze de Thaïlande, le seul sanctuaire en activité de nos jours dans le parc historique d'Ayutthaya
Le vihan Phra Mongkon.
Le plus grand Bouddha de bronze de Thaïlande (12 mètres de haut sans le socle ; 19 mètres avec).
Le plus grand Bouddha de bronze de Thaïlande de profil.
Dévotion au Wihan Phra Mongkon.
Petite statue de Bouddha recouverte de feuilles d'or par dévotion.
Vestiges archéologiques d'Ayutthaya extra-muros
Kraal des éléphants (corral à éléphants)
Wat Phu Khao Thong
Introduction en thaï et anglais.
La pagode principale (le grand stupa).
La pagode principale.
La pagode principale.
La pagode principale.
La petite pagode.
La petite pagode (le petit stupa).
Viharn Glab (le vihan est un édifice abritant des images du Bouddha où les fidèles se rassemblent).
Ayutthaya est aussi orthographié Ayudhya ou Ayuthya ou Ayuthia... (en particulier dans des articles encyclopédiques et scientifiques en langue anglaise et française, y compris récent).
En octobre 2011, les temples du site archéologique d'Ayutthaya ont été immergés pendant plusieurs semaines par des inondations et endommagés[25].
En 2016, le parc historique d'Ayutthaya a accueilli plus de 2 millions de visiteurs.
↑Xavier Galland, « Les débuts d'Ayutthaya : Quels débuts ? », Gavroche Thaïlande, no 188, , p. 45 (23) (lire en ligne [PDF])
↑Xavier Galland, « Fondation d'Ayutthaya : mythe et réalité », Gavroche Thaïlande, no 192, , p. 38 (20) (lire en ligne [PDF])
↑Xavier Galland, « La fondation d'Ayutthaya (suite et fin) », Gavroche Thaïlande, no 193, , p. 35 (lire en ligne [PDF])
↑(en) Pichaya Svasti (photogr. Jetjaras Na Ranong), « Dramatic love for heritage », sur bangkokpost.com, Bangkok Post,
↑Arnaud Dubus, Thaïlande : Histoire, Société, Culture, Paris, La Découverte, , 224 p. (ISBN978-2-7071-5866-6), Du Siam à la Thaïlande : De la crise franco-siamoise de 1688 au traumatisme des guerres contre la Birmanie page 59
↑Jean Boisselier, Encyclopaedia Universalis, « AYUTHIA », sur universalis.fr (consulté le )
↑(en) Keith Branigan et Colin Merrony, « The Gardens of the Royal Palace at Ayuthaya », Journal of the Siam Society, vol. 87, nos 1-2, , p. 7-31 (lire en ligne [PDF])
↑Michel Jacq-Hergoualc'h, Le Siam, Société d'édition Les Belles Lettres, coll. « Guide Belles Lettres des civilisations », , 256 p. (ISBN978-2-251-41023-4), L'Espace siamois : la capitale pages 33, 34 et 35
↑(en) Amy Tikkanen, Encyclopædia Britannica, « Ayutthaya », sur britannica.com (consulté le )
↑Xavier Galland, « Ayutthaya ... ou ce qu'il en reste », Gavroche Thaïlande, no 187, , p. 34 (18) (lire en ligne [PDF])
↑Xavier Galland, « Ayutthaya (suite et fin) : Le royaume d'Ayutthaya disparaît après 416 ans d'existence », Gavroche Thaïlande, no 194, , p. 35 (lire en ligne [PDF])
↑Pierre Pichard, « Le hall d'ordination dans le monastère thaï » (Texte pp 131-133 et plans du Wat Phra Si Sanphet (Fig.6), du Wat Ratchaburana (Fig.7) et du Wat Puttaisawan (Fig.8)), Bulletin de l’École française d'Extrême-Orient (BEFEO), nos 87-1, , p. 125-149 (lire en ligne)
↑(en) Pattarawadee Saengmanee, « Ayutthaya after dark », sur bangkokpost.com, Bangkok Post,
↑Collectif, Thaïlande, Éditions Nouveaux-Loisirs,, coll. « Guides Gallimard », , 376 p. (ISBN2-7424-0160-1), Ayutthaya, Le krall des éléphants page 245
↑Sarah Jose (trad. Bruno Porlier), Arbres, feuilles, fleurs & graines : Une encyclopédie visuelle du monde végétal, Gallimard Jeunesse, , 192 p. (ISBN978-2-07-516392-7), L'arbre étrangleur pages 120 et 121
↑Valérie Zaleski, « La tour octogonale du Wat Mahathat à Ayuthya un témoin des liens entre Ayuthya et le Lan Na et d'un courant de dévotion à Metteyya ? », Arts Asiatiques, no 64, , p. 57-77 (lire en ligne [PDF])