Henri Epstein est le fils de Samuel Epstein et Anne Czapnik. Il perd son père, libraire, à l'âge de trois ans et grandit auprès de sa mère qui encourage son précoce penchant pour la peinture. Il entreprend une formation à l'École de dessin de Jakub Kacenbogen à Łódź, où il a pour condisciple Zygmunt Landau, avant d’intégrer l'Académie des beaux-arts de Munich jusqu'en 1910.
Henri Epstein est d'abord remarqué du commissaire de police et collectionneur de tableaux Léon Zamaron qui voit en lui le peintre « le plus doué » de son temps[10]. Harry Bellet mentionne que les choix de Léon Zamaron ont alors une grande influence sur ceux de Jonas Netter[11] qui fera à son tour entrer Henri Epstein dans sa collection[12].
Henri Belbeoch et Florence Clifford estiment que c'est à partir de 1930 que, l'été venu, avec son mécène le docteur Gilles, Henri Epstein effectue plusieurs séjours en Bretagne (notamment à Belle-Île-en-Mer et à Concarneau), lui attribuant cependant également de nombreux moments de peinture sur le motif dans le Vieux-Port de Marseille[15].
En 1938, Henri Epstein fait l'acquisition d'une maison à Épernon et s'y installe. Dans ses derniers œuvres, témoigne l'institut Yad Vashem de Jérusalem qui les conserve, il évoque « la violence et la terreur » qui s'empareront de cette commune avec l'Occupation allemande[16]. C'est probablement à la suite d'une dénonciation qu'il y est arrêté par la Gestapo et conduit à la maison d'arrêt de Chartres le , interné au camp de Drancy le 24 février, déporté le 7 mars par le convoi no 69[17] à Auschwitz d'où il ne reviendra pas[4].
Œuvres
Peintures (sélection, localisations inconnues)
Nu de femme assise (1920).
Prostituées à Marseille (1930).
Nature morte aux fleurs (avant 1939).
Paysage (avant 1939).
Paysage provençal (avant 1939).
Livres illustrés
Gustave Coquiot, Vagabondages (à travers la peinture et les paysages, les bêtes et les hommes), 90 croquis marginaux par Henri Epstein, 315 exemplaires numérotés et 15 exemplaires nominatifs, Librairie Paul Ollendorff, Paris, 1921.
Tableaux d'artistes venus d'Europe de l'Est, musée départemental de la Résistance et de la Déportation, Toulouse, octobre-décembre 2010.
La collection Jonas Netter. Montparnasse, bienvenue aux peintres, Pinacothèque de Paris, avril 2012[28].
From Russia to Paris. Chaïm Soutine and his contemporaries, Ben Uri Gallery, Londres, octobre 2012[6].
Réception critique
« Une peinture expressionniste, violente et contrastée, marquée de cette sensibilité inquiète propre aux nombreux peintres émigrés venus à ce moment-là d'Europe centrale. » - Gérald Schurr[9]
Paris, Bibliothèque nationale de France : Gustave Coquiot, Voyages à travers la peinture et les paysages, les bêtes et les hommes, 1921, l'un des 315 exemplaires constituant l'édition originale, enrichi de 96 dessins originaux à l'encre de Chine ou au crayon, certains aquarellés[35].
↑Isaac Lichtenstein connaîtra une carrière d'éditeur de livres d'art juif aux États-Unis, reprenant pour sa maison le nom de Machmadim Publishing House.
↑Harry Bellet, « Comment Jonas Netter, après une visite au commissariat, a commencé sa collection », Le Monde,.
↑Haïm Epstein épouse Suzanne Andrée Lecellier, selon l'acte no 1146, dans l'état-civil de la ville de Paris 15e, mariage du 31/05/1927. Suzanne Andrée est la fille de Céline Berthe Lacoste et de père non dénommé, née à Paris Ve le 19/03/1896 (V4E 8386 Acte 863). Les mentions marginales indiquent qu'elle est reconnue par le mariage de César Marcelin Lecellier et Céline Berthe Lacoste qui divorcent en 1899 (Acte N° 888 du 01/06/1900 à Paris XVIIe).
↑ ab et c(en) John Castagno, Jewish artists, signatures and monograms - an international directory, Scarecrow Press, États-Unis, 20100, p.121.
↑ Association Épernon - Patrimoine et alentours, Henri Epstein (1891-1944), peintre de l'École de Paris, catalogue d'exposition, éditions de la ville d'Épernon, 2007.
↑Jean Cassou, Pierre Courthion, Bernard Dorival, Georges Duby, Serge Fauchereau, René Huyghe, Jean Leymarie, Jean Monneret, André Parinaud, Pierre Roumeguère et Michel Seuphor, Un siècle d'art moderne - L'histoire du Salon des indépendants, Denoël, 1984.
↑ Patricia Nitti et Roberto Perazzone Montparnasse, l'Europe des artistes, 1915-1945, éditions du musée archéologique régional de la Vallée d'Aoste, 1999.
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